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Biographie
Brassens par Yves Uzureau
UN DESTIN ANIMÉ
Premier juillet 1952 à 0 h 00 G.M.T., dans une clinique désormais classée monument hystérique de Conakry en Guinée, voit le jour un petit garçon de sexe strictement masculin.
Sa mère, absente ce jour-là pour raisons professionnelles, avait eu la présence d’esprit de déléguer à la femme de ménage qu’elle avait prise pour la sage-femme la responsabilité de trouver un prénom à son blondinet.
La sage-femme de ménage s’acquitta de sa tâche avec brio et en balanké en lui psalmodiant illico ces premiers mots :
« Hé ! Patwon, toi y en as t’appeler Yves présentement ! »
Par cet acte solennel, la jeune femme donnait au nouvel arrivant fraîchement débarrassé de son cordon ombilical qui lui enserrait le cou jusqu’aux oreilles le départ d’une vie en do majeur, presto, fugato, pizzicato con mozzarella ma non troppo.
Des anges accoururent et des chÅ“urs célestes s’élevèrent au-dessus du berceau où l’enfant encore bleu mais néanmoins coiffé souriait déjà à la vie à pleines gencives.
S’égrenèrent semaines et mois comme les arpèges d’une harpe divine…
Après la tétée, remballant ses mamelles nourricières, sa mère hurlait à tue-tête de viriles berceuses extraites du répertoire guinéen pour endormir le fruit de ses entrailles qui, pas dupe pour une ronde savait déjà faire la différence entre un FA dièse et une tarte au fromage.
Papa, lui, pataugeait dans les rizières, faisant des petits pâtés avec les sangsues.
Bref, une petite enfance douillette, parfumée comme un sous-bois, au cœur d’une Afrique lumineuse, entre panthères, serpents-minutes et scorpions et caméléons.
1959, rapatriement dare-dare vers la métropole où attendaient les H.L.M. bienveillantes de la banlieue parisienne.
Décembre 1964, le père Noël – qui a plus d’un tour dans sa hotte – offre à notre héros sa première guitare et un 45 tours d’un certain Georges Brassens (tiens tiens !).
Un an après, Yves s’enferme dans sa chambre à double tour et exécute à bout portant son premier concert devant un public d’ours en peluche. Grand succès !
« Créer » allait devenir son leitmotiv et, désormais, celui qui se mettrait en travers de son chemin serait, sans rémission, transformé en râpe à gruyère.
À partir de ce jour, ses petites mains pâles et fragiles parcouraient quotidiennement, avec persévérance et ténacité, les douze cases de sa première guitare, écartant déjà de sa route les versions latines et autres problèmes de robinets qui fuient, au grand dam de ses professeurs dont bon nombre, transformés en râpes à fromage avec du poil au menton, courent encore en levant les bras…
1966, retour en terre africaine, avec un séjour de trois ans à Meknès, au Maroc.
Papa, spécialiste du machinisme agricole, a la bougeotte. De son côté, la Muse invite notre barde à composer ses premières chansons. Nouveau déménagement : destination Rome cette fois-ci.
Se lance dans le dessin et envisage une carrière dans la bande dessinée. Sa spécialité : les caricatures auxquelles il s’entraîne durant les cours…
Nouveau déménagement : destination Rome cette fois-ci.
Au lycée toutes les occasions sont bonnes pour réunir les copains autour de la guitare (ici durant la pause).
Puis c’est l’armée à Toulon en 1972. Le temps extrêmement libre lui laisse le loisir de peaufiner ses accords de guitare et de s’intéresser au répertoire de Django Reinhardt qu’il découvre.
En septembre 1973, libération et en route vers l’aventure en direction de Paris. Il s’inscrit au cours René-Simon où il décroche en 1975 le premier prix, le prix Marcel-Achard.
Désormais, toujours fidèle aux élans de son cœur (tatam !) il partagera sa vie essentiellement artistique entre guitare, chanson, théâtre, pédagogie ainsi que l’écriture de quelques pièces de théâtre, de nouvelles et de romans.